Beaucoup de clubs ornithologiques ont ce mot dans l'en-tête
de leur papier à lettres; l'UOF à laquelle tous les clubs de la ROB sont
affiliés , a pour appellation: Confédération d'éleveurs et d'amateurs d'oiseaux
. Protection et défense de l'oiseau libre .
Mais de quelle protection parle-t-on ? et à quels
oiseaux doit-elle bénéficier ?
Lorsque les naturalistes ramenaient de leurs expéditions
lointaines les «oiseaux des îles» , c'était pour les acclimater
c'est à dire les adapter à un nouveau milieu . L'acclimatation était ainsi la
phase précédent la domestication , même si cette dernière se faisait à des
fins scientifiques et non alimentaires
.
La domestication de ces oiseaux peut être considérée comme
établie quand l'homme choisit lui-même leur habitat , s'efforce de les mettre à
l'abri des risques naturels , veille à la satisfaction de leurs besoins vitaux
et contrôle leur reproduction . L'oiseau de cage ou de volière est ainsi devenu
un sujet issu d'une lignée domestiquée d'une espèce sortie de son cadre naturel
.
Mais après de longues années de prélèvements , parfois
inconsidérés , on s'est rendu compte qu'il fallait protéger certaines espèces
pour en empêcher l'extinction . Dès 1956 , l'UOF préconisait de limiter , voire
de stopper , tout prélèvement d'oiseaux dans la nature et de favoriser
l'autosuffisance , c'est à dire de promouvoir la création de souches
domestiquées de diverses espèces d'oiseaux dans un but d'étude , de suivi et de
multiplication de lignées autonomes sorties du cadre naturel afin d'éviter , à
terme , de recourir au prélèvement dans le milieu naturel .
Les exemples (entr'autres) du pigeon rose (de l'île Maurice)
ou de l'amazone de Porto Rico dont la bonne reproduction en captivité a donné
une bonne chance de survie à leur population sauvage extrêmement menacée , ont
amené certains scientifiques à parler de la protection par l'élevage: il
fallait constituer , dans des conditions voulues de contrôle , un élevage de
ces oiseaux en danger pour que , s'il se produisait le pire et que l'espèce
s'éteignait à l'état sauvage , elle ne disparaisse pas définitivement .
Les éleveurs ont vu là une occasion de mettre en valeur leur
savoir-faire , de remplacer l'image de «trafiquants» que leurs
détracteurs essayaient de leur donner , en celle plus gratifiante de
protecteurs d'espèces en voie d'extinction . Il faut élever pour ne plus
prélever; il faut élever pour sauvegarder les espèces.
Pendant un certain nombre d'années , la Ligue pour la Protection
des Oiseaux a compté dans ses rangs des éleveurs amateurs d'oiseaux et des
scientifiques; les éleveurs ont été par la suite évincés . Il ne faudrait
pas qu'ils fassent la même erreur en ne s'occupant que de leurs oiseaux sans
jamais penser à la catégorie d'oiseaux à qui ils doivent tout: les
indigènes car , rappelons-le , tout oiseau est un indigène dans son pays
d'origine ( et seules les lois , différentes selon les pays , régissent son
statut d'espèce protégée ou pas ) et c'est toujours à partir d'oiseaux
indigènes que les éleveurs ont pu créer leurs différentes races ou leurs
nouvelles mutations (y compris le canari , même si c'est à une époque très
lointaine) .
Tous les éleveurs aiment les oiseaux , beaucoup ont un
jardin et y posent parfois nichoirs et mangeoires: en ce sens ils font de
la protection mais à titre individuel . Pour qu'ils acceptent de participer à
une action plus collective , il faut qu'il y ait au sein de leur club un noyau
de collègues intéressés et motivés et particulièrement persuasifs . Ces
éleveurs-protecteurs montrent que protection et élevage ne sont pas
incompatibles; ils agissent pour le bien de leurs protégés ailés en leur
permettant , grâce aux nichoirs et aux mangeoires , de franchir le cap difficile de l'hiver et de trouver un logement
adéquat pour élever leur progéniture .
Ils savent aussi tout ce que ces activités peuvent leur
apporter: un entraînement supplémentaire à l'observation ( qualité
indispensable à tout éleveur ) , un approfondissement des connaissances sur les
habitudes des oiseaux ( tout éleveur d'indigènes mutés mais aussi d'exotiques
sait le bénéfice qu'il tire à connaître comment les oiseaux sauvages dont il
élève les semblables vivent et se reproduisent ) , le plaisir de transmettre
son savoir au grand public (sur les stands protection) comme aux enfants dans
les écoles mais aussile respect de la
nature et du monde vivant , sans oublier l'aspect convivial de toutes ces
activités au sein d'un club .
Lors de chaque championnat de Bretagne , un challenge -
protection est attribué: il récompense le ou les clubs qui agissent en faveur de la protection des
oiseaux de la nature .
ACTIVITÉS DE PROTECTION AU CLUB DE MORLAIX
Dès sa création en 1984 , le club de Morlaix s'est associé à
l'«Association pour la Connaissance et la Protection des
Oiseaux» de Landivisiau dont le président François Huet a longtemps été
l'animateur de la protection à la Région Ornithologique Bretonne ( actuellement
c'est René Druais , secrétaire du club qui en est le délégué-protection):
c'est dire si la protection des oiseaux sauvages de nos régions est une
constante au sein du club .
Depuis plusieurs années , c'est une équipe ( Ronan Donval ,
Pascal Kerguillec , Jean Pierre Pédel , Joël Rannou) qui a pris la relève:
elle axe son travail sur la fabrication , la pose et le contrôle de nichoirs
pour petits oiseaux cavernicoles ( mésanges et sittelles ) .
Installés sur 3
sites: bois de Brézal à Pont-Christ , pourtour du plan d'eau de Plouvorn
et bois près de La Martyre , ce sont plus de 120 nichoirs qui étaient installés
en 2006.
Lors d'une première sortie en février , les nids sont
nettoyés ou changés si nécessaire . Une deuxième sortie en mai permet de
contrôler s'ils sont occupés et d'établir d'année en année des statistiques qui confirment leur utilité .
Chaque concours ou exposition est aussi l'occasion
d'installer un stand ' protection avec vidéo pour l'information du
public, montrant ainsi qu'il est possible de concilier protection et
élevage .
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Challenge inter-clubs
Chaque année lors de son assemblée générale , la Région Ornithologique de Bretagne attribue le "challenge de la Protection" ...